Toutes les sibéries

The lands of Siberia

Pénétrer la Sibérie est, en même temps, traverser la Russie. Dire qu’elle est un pays superlatif, un lieu d’exagération, est faire la queue des répétitions. Elles sont, par contre, ces démesures qui rendent possible une compréhension basique de l’univers russe. Entrer dans la Sibérie est rencontrer certains de ces excès. Parcourir des villes, qui n’étaient que des prisons il n’y a pas très longtemps, ou des marécages, qui ont récolté la vie de plusieurs exilés, est revisiter une Russie qui transbordait en puissance et en mépris par ses reniés. Ce sont des espaces où les cris de désespérés, souffrant dans l’hiver impitoyable, sont étouffés par des distances qui trompent les yeux et rendent faible l’esprit de ceux qui tentent de survivre dans ce coin inhospitalier.

La sibérie tsariste des exilés, la sibérie stalinienne des goulags, toutes ces sibéries sont difficiles d’être vues du train, qui coupe les espaces d’ une beauté crue. Le temps des ségrégés ont, peut-être, laissé une marque importante dans le caractère et dans la personnalité des Russes, mais ce que l’on voit, en voyageant par ces terres, sont des villes propres et éblouissantes, ce sont des gens agréables et accueillants.

Dans la banlieue de Novossibirsk, les datchas s’alignent au bord de la route qui mène à Tomsk. Elles sont plusieurs maisons, avec ses petits jardins de grillage en bois de couleur verte ou bleue, en peuplant des basses collines, remplies par des arbres dans son or automnale. En regardant ce dessin bucolique, je ne peux m’empêcher de penser que ces terres gardent un secret. Comme dans la photo qui ouvre cet article, la forêt à l’horizon n’est que la réunion de plusieurs petits bois distants de quelques kilomètres les uns des autres, ou encore, comme la beauté séduisante de l’automne, dans les confins russes, cache l’hiver rude qui se voisine et qui demande un prix cher des infortunés. Traverser la Sibérie, pour plusieurs jours, est un exercice de compter le temps en espace. Et cet espace garde en soi d’autres temps.

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