Symboles. Les représentations peuplent notre imaginaire et ce sont les signes qui nous amènent à faire des associations entre le vécu et le présent. En d’autres mots, les petites choses apportées par notre quotidien sont responsables des longs voyages de la pensée. Comme si en regardant une certaine scène ou un certain objet, nous nous projetions vers le futur ou le passé, vers un moment de l’existence et de l’espace, simplement appelé, ailleurs.
Immergé dans l’ambiance du Ramadan, dans des traditions si visibles, je me suis emporté beaucoup plus loin que les cinquante kilomètres entre Damas et le petit village de Maaloula en me rendant à celui-ci: les symboles présents dans cette commune m’ont fait revivre des moments d’enfance dans un autre petit village, dans la campagne du sud du Brésil.
Maaloula est une ville chrétienne. En Syrie, les communautés chrétiennes sont nombreuses. Maaloula est comme une petite île dans les alentours de Damas et un des derniers endroits où l’on parle l’araméen. Habitués que nous étions avec le congé hebdomadaire du vendredi, le dimanche ensoleillé nous a apparu comme n’importe quelle autre journée mouvementé de Damas. Le minibus bondé a mis un peu plus de trois quarts d’heure pour arriver devant de Couvent de St. Thècle, au sommet d’une petite colline à Maaloula. Une fois arrivés, le dimanche a changé de tenue: ici il était le congé de la semaine, la plupart des commerces, fermés.
Une petite ballade entre les rochers qui ont servit de route d’escapade de Thècle face aux légions romaines et nous sommes arrivés au Monastère de St. Serge. Un jolie bâtiment en pierre siège d’une église catholique grecque. Un petit tour, le Notre-Père en araméen et tout d’un coup une famille entre dans l’église pour un baptême, une trentaine de personnes tous en habit de cérémonie.
Moi, qui regardais les icônes et images grecques, me suis fixé sur le cadre de la Sainte Cène avec Jésus non au milieu des disciples mais en tête de table – respectant ainsi les traditions de l’époque. Le baptême commence. Nous prenons places derrière l’audience. Les rites, parmi les catholiques grecques, sont fort importants dans la célébration de la messe. Le petit garçon qui se faisait baptisé devait avoir trois ans et quand sa mère s’est mise à le déshabiller il a commencé à pleurer. La liturgie et les chansons en araméen créaient une sorte de transe mystique parmi l’audience et ce fut à ce moment là que le jeune garçon fut mis dans un grand bassin rempli d’eau tiède et, à l’aide de bols en argent, s’est fait renverser de l’eau bénite sur ses cheveux châtains à plusieurs reprises.
Après, il fut enroulé dans une serviette et enfin consolé dans les bras de sa maman.
Je tenais une bougie bleue dans mes mains et je regardais cette scène comme si j’étais dans un autre dimanche – loin dans le temps et dans l’espace – où les rites religieux faisaient partie si important de mon quotidien. Il était drôle de retrouver dans un pays islamique, pendant toute la ferveur du Ramadan, des pratiques chrétiennes capables de me rappeler une foi enfantine longtemps perdue.
Après la cérémonie, j’appris que le garçon s’appelait William et qu’il faisait partie d’une famille syrienne de Maaloula. Jean-Claude Luyat, qui nous accompagnait dans notre petit tour, m’apprit aussi que la Syrie est un pays avec de profondes racines chrétiennes, beaucoup plus fortes que l’on puisse l’imaginer en regardant une société si engagée dans la foi islamique.
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super cette petite ville
encore une fois, on voyage avec vous
et big up à jean-claude
biz
eh oui! la foi chrétienne est partout! n’oublions pas que Jésus avait douze apôtres, l’un d’eux est peut être parti vivre en Syrie et ainsi initié les autres à la religion catholique.
j’aurais une petite question: est-ce qu’il est coutune que l’enfant baptisé soit agé de 3 ans?
trés beau couple en tout cas!
Lilou
Je ne sais pas exactement, mais me semble que c’est ça. La Syrie est le pays où Paul a commencé son pèlerinage, où Saint Simon a construit ses piliers et où Sainte Thècle s’est échappée des légionnaires romains. Merci de votre message.
salamalekoum, la bess? ces fotos me font rappeler l’algérie…et c’est vrai que le kebbab, c’est pas le même qu’à paris, profitez bien votre périple.
à bientot in chala
Bisous
On croirait presque entendre les chants en araméen…